Titre
Menaces sur la faune

Sous titre
Quel impact de l'homme sur la biodiversité ?


Les pratiques humaines sont à l'origine de graves perturbations au sein des écosystèmes naturels.

En détruisant les forêts, en braconnant des animaux pour leur viande ou à des fins de trafic, en développant toujours plus ses activités économiques et industrielles qui engendrent pollution et dégradation des milieux, en exploitant à l'extrême les ressources naturelles, l'homme fragilise l'environnement et met en péril la survie de la faune et de la flore sauvages. 1 amphibien sur 3, 1 mammifère sur 4 et 1 oiseau sur 8 sont actuellement menacés de disparition.

Destruction des habitats

Les forêts abritent la majeure partie de la biodiversité terrestre et constituent l’habitat de 80% des amphibiens, 75% des oiseaux et 68% des mammifères. Elles fournissent des ressources à des millions d’êtres humains et permettent de limiter l’impact du changement climatique. Nous bénéficions tous des fonctions écologiques à grande échelle qu’elles assurent.

Pourtant, la déforestation est l’une des principales menaces pesant sur la faune sauvage. La destruction et la surexploitation des forêts entraînent la disparition de milliers d’espèces vivantes, la fragmentation des habitats et l’isolement des populations animales, le rejet de millions de tonnes de gaz carbonique dans l’atmosphère ainsi que la modification du cycle de l’eau et l’érosion des sols.

© M. Hurdebourcq

Chiffres clés :

  • Les forêts couvrent 31% de la surface globale terrestre.
  • L’Afrique a perdu 3,94 millions d’hectares de forêt entre 2010 et 2020.
  • Entre 2015 et 2020, le taux de déforestation a atteint 10 millions d’hectares par an.
  • La forêt amazonienne possède la plus grande variété de plantes de la planète : 40000 ont déjà été identifiées !
  • 40% de la déforestation en zone tropicale est motivée par la création de pâturages pour la viande bovine, 18% par la plantation de palmiers à huile et de soja, 13% par l’exploitation des produits forestiers comme le bois et le papier.

Braconnage et trafic

Parmi les innombrables menaces qui pèsent sur la faune sauvage, le braconnage est l’une des plus importantes : chaque année des milliers d’animaux sont chassés en toute illégalité. Le braconnage pour la viande de brousse est en augmentation, tout comme le trafic des espèces destinées à alimenter des collections privées ou dont les parties du corps servent à fabriquer de prétendus remèdes utilisés par la médecine traditionnelle asiatique.

Les revenus tirés du commerce illicite des espèces sauvages placent celui-ci au 4ème rang des activités criminelles les plus lucratives, après le trafic de drogues, de contrefaçons et d'êtres humains. Parmi les espèces les plus convoitées, les pangolins (déjà largement décimés en Asie et dont le trafic explose actuellement en Afrique), les éléphants pour leurs défenses en ivoire, les rhinocéros pour leurs cornes, mais aussi les tigres, les grands singes et les primates de façon générale, les oiseaux, les reptiles.

Crane d'animaux
© S. Meys

Chiffres clés :

  • Les revenus provenant du commerce illégal d'espèces sauvages sont estimés entre 7 et 23 milliards de dollars par an.
  • 1,26 million de trophées ont été importés aux USA entre 2005 et 2014.
  • 11215 éléphants ont été braconnés en 2018.
  • + de 100000 pangolins ont été saisis en 2017.

Conflits hommes-faune sauvage

L’accroissement de la population humaine et l’empiètement de ses activités sur les espaces naturels où évolue la faune sauvage entraînent la multiplication des conflits. Les plus graves peuvent conduire à la mort de villageois attaqués par les animaux sauvages. Les plus fréquents concernent la prédation sur le bétail domestique ou encore les dégâts occasionnés aux cultures de communautés locales souvent très pauvres. En représailles, les animaux sauvages sont tués ou empoisonnés par les villageois, ou bien abattus par les autorités.

Apprendre à partager les espaces naturels disponibles avec les espèces qui nous entourent est pourtant indispensable si l’on veut à la fois les conserver, assurer notre propre survie mais aussi préserver l’habitabilité de notre planète à long-terme.

© HUTAN

Chiffres clés :

  • Entre 2019 et 2022, plus de 1500 personnes ont été tuées au cours de conflits avec des éléphants en Inde.
  • 75% des espèces de félins sauvages du monde sont affectées par des abattages liés à l’occurrence de conflits avec l’homme.
  • 48% des guépards tués en Namibie le sont à la suite de représailles dues à des conflits.
  • Dans les zones où les gens cohabitent avec les éléphants, les agriculteurs peuvent perdre jusqu'à 100% de leur récolte annuelle, ce qui entraîne une insécurité alimentaire.
  • 500 millions de petits exploitants agricoles dépendent entièrement ou fortement de l’agriculture pour survivre.

Changement climatique

Dans leurs rapports successifs, les scientifiques du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) ne cessent de nous alerter sur la rapidité, l’ampleur et l’aggravation des dérèglements du climat. Provoqués par les activités humaines, ces bouleversements impactent la faune sauvage et les écosystèmes, les populations humaines, les villes, les infrastructures… Les conséquences du changement climatique sont désormais visibles partout dans le monde : chaleurs extrêmes, inondations, sécheresses, méga-feux…

Les communautés humaines les plus pauvres, ainsi que la faune et la flore dont nous dépendons, sont les plus directement et profondément affectées par le changement climatique. La température moyenne à la surface de la terre au cours des 10 dernières années est 1.1 degré plus élevée qu’à la fin du 19ème siècle. Chacune des quatre dernières décennies a successivement été la plus chaude jamais enregistrée depuis 1850. Le risque d’extinction des espèces, en particulier celles vivant dans les « hotspots1», est dix fois plus élevé pour celles qui sont endémiques : 100% de celles vivant sur des îles, 84% de celles vivant dans les zones montagneuses, 12% de celles vivant sur les continents et 54% de celles vivant dans l’océan (en particulier la Mer Méditerranée) seront à terme menacées d’extinction à cause du changement climatique.

Pour éviter le point de non-retour, il faut impérativement limiter l’augmentation des températures en réduisant rapidement et drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.

1Un hotspot est une région avec un niveau élevé de biodiversité qui est menacée de destruction. Ces régions abritent près de 60% des espèces végétales, d'oiseaux, de mammifères, de reptiles et d'amphibiens du monde, avec une part très élevée d'espèces endémiques. Un hotspot peut inclure plusieurs écorégions.

© IPCC

Chiffres clés :

  • Les 10 pays plus gros émetteurs de gaz à effet de serre génèrent 68% des émissions totales, contre 3% pour les 100 pays les moins émetteurs.
  • La température à la surface de la planète a augmenté plus rapidement depuis 1970 qu'au cours de toute autre période de 50 ans durant au moins les 2000 dernières années.
  • Depuis le milieu des années 1980, les températures atmosphériques de l'Arctique se sont réchauffées presque quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.
  • Environ 25% des émissions de gaz à effet de serre proviennent des défrichements et de l’agriculture, les aliments d'origine animale y contribuant pour 75%.
  • Les récifs coralliens, particulièrement vulnérables au changement climatique, devraient décliner de 10 à 30% avec un réchauffement de 1,5°C et recouvrir moins d’1% de leur ancienne aire de répartition avec un réchauffement de 2°C.

Maladies émergentes

Virus, bactéries et parasites font partie intégrante de notre environnement depuis toujours. Un écosystème sain, protégé des perturbations d’origine humaine, maintient l’équilibre et évite la propagation des agents pathogènes. Mais lorsqu’il est altéré par la déforestation, la pollution, l’expansion de l’élevage et de l’agriculture, il devient plus vulnérable à l’apparition de maladies.

En outre, les incursions de plus en plus fréquentes et répandues des humains et des animaux domestiques dans les espaces naturels favorisent la multiplication des interactions avec la faune sauvage. De nouvelles maladies émergent, causant des ravages sur des espèces déjà fragiles et accélérant leur disparition.

Ainsi, la destruction de l’habitat des chimpanzés et des gorilles a engendré une proximité accrue avec les hommes et le virus Ebola a entraîné la mort de milliers de grands singes en Afrique, tout comme celle de milliers d’êtres humains.

La santé humaine, la santé animale et la santé de la planète sont inextricablement liées.

Virus Ebola © DR

Chiffres clés :

  • Le champignon chytride Batrachochytrium dendrobatidis, identifié à la fin des années 90, est d’ores et déjà responsable du déclin et de la disparition de plus de 200 espèces d’amphibiens.
  • Les épidémies d'Ebola au Gabon et en République du Congo au milieu des années 1990 ont tué plus de 90% des gorilles et des chimpanzés dans certaines régions.
  • Il faudra plus de 130 ans aux populations de gorilles, qui ont connu un taux de mortalité de 95%, pour récupérer.
  • Le Gabon et le Congo, qui sont régulièrement touchés par des épidémies d’Ebola, abritent 80% de la population globale de gorilles.
  • Les lycaons se sont éteints dans le Serengeti en 1991 à la suite d'une épizootie de maladie de Carré chez des chiens domestiques sympatriques.

Espèces invasives

Les espèces invasives sont des organismes vivants qui, introduits par l’homme de façon intentionnelle ou accidentelle dans un écosystème dont ils ne sont pas originaires, constituent une menace directe pour la biodiversité autochtone présente dans cet écosystème.

Les espèces invasives peuvent accaparer les ressources nécessaires à la survie des autres espèces, modifier l’équilibre de l’écosystème et y causer des dommages permanents, ou encore être prédatrices directes des espèces locales. Elles peuvent aussi représenter un risque pour l’homme en étant vectrices de pathogènes ou allergisantes.

Les milieux insulaires sont particulièrement vulnérables car ils abritent de nombreuses espèces endémiques.

Ragondin © S. Rotter

Chiffres clés :

  • Les espèces invasives envahissantes constituent un danger pour environ 1/3 des espèces terrestres et ont contribué à près de 50% des extinctions connues à l’échelle mondiale.
  • Au cours des 200 dernières années, le nombre de nouvelles introductions d'espèces envahissantes n'a cessé d'augmenter dans le monde, avec plus d'un tiers de toutes les premières introductions enregistrées entre 1970 et 2014.
  • Sur les 395 espèces indigènes européennes répertoriées comme étant En danger critique d'extinction par la Liste Rouge des espèces menacées de l'UICN, 110 sont en danger à cause d'espèces exotiques envahissantes.
  • En Europe, le nombre d’espèces exotiques envahissantes a augmenté d’au moins 76% ces 35 dernières années.