Mission Madagascar avec Helpsimus : se confronter au terrain (Partie I)
« Je m’envole vers Madagascar où je dois retrouver Delphine Roullet, fondatrice d’Helpsimus, pour une nouvelle mission de terrain sur le programme Bamboo Lemur qu’elle développe à quelques dizaines de kilomètres du Parc National de Ranomafana. Un programme soutenu financièrement par le Zoo de La Palmyre et Palmyre Conservation depuis plus de 10 ans. Bien que située à proximité du parc national et alors qu’elle abrite de nombreux lémuriens, la zone d’action du programme ne bénéficie d’aucune protection officielle et se trouve au cœur des terres agricoles de plusieurs villages activement exploitées pour la culture du riz notamment. On y trouve pourtant de nombreux lémuriens, dont le grand hapalémur classé « En danger critique d’extinction », le lémur à ventre roux ou encore l’hapalémur de Ranomafana, tous deux classés « Vulnérable ».



Les objectifs de ma mission sur place ? Aider à la mise en route opérationnelle de l’Ecole des Simus, un lieu dédié à l’éducation environnementale construit dans l’un des villages partenaires du programme, évaluer les éducateurs environnementaux lorsqu’ils encadrent des activités, déterminer à la fois les besoins de l’école et ceux des éducateurs, et enfin participer à la formation des guides touristiques dans le cadre du développement du projet d’écotourisme.

Après deux jours de voyage dont un vol long-courrier de 11h, me voilà donc de retour dans le sud-est de Madagascar, dans la petite ville thermale de Ranomafana où je retrouve Delphine. Depuis ma dernière visite, les conditions de circulation sur les routes nationales du pays se sont fortement dégradées : faute d’entretien, les nids de poule sont légion et nous empêchent de dépasser les 30 km/h sur certaines sections pendant des dizaines de kilomètres. Il faut désormais 13h pour parcourir les 400 km qui séparent Ranomafana de la capitale. Et le voyage n’est pas terminé ! Nous devons ensuite rouler pendant 1/2h supplémentaire avant de prendre la piste de terre qui mène aux 2 camps principaux du programme. Problème cette année : la saison des pluies se prolonge et l’accès est voiture est impossible à cause de la boue et des ornières profondes creusées par des camions surchargés qui empruntent régulièrement la piste… Seules les motos peuvent parcourir les derniers kilomètres et serviront donc à acheminer l’ensemble du matériel. De mon côté, je parcours les 4 derniers kilomètres à pied et sous une chaleur étouffante avant d’atteindre le camp de Sahofika où je passerai les 10 prochains jours.



Les journées s’annoncent bien remplies : séances de travail avec les éducateurs environnementaux, les guides touristiques et la directrice du programme, évaluation des classes vertes organisées à l’Ecole des Simus par l’association, sorties en forêt pour observer les groupes de lémuriens suivis par Helpsimus, prise d’images pour la communication de Palmyre Conservation. En résumé, pas de quoi s’ennuyer ! Et le tout sous une chaleur et une humidité écrasantes qui ne facilitent ni les marches en forêt, ni les sessions de travail sur place.

© S. Meys

© S. Meys
En tant que chargée des programmes de conservation in situ et malgré ces conditions pas toujours simples, il me paraît important de pouvoir me rendre sur le terrain d’action des différents programmes soutenus par notre fonds de dotation Palmyre Conservation. D’abord parce que cela permet de rencontrer les équipes locales chargées du déploiement des activités de l’association et de mieux comprendre les actions menées sur place, mais également de mieux appréhender les succès enregistrés et les difficultés rencontrées. Concernant l’éducation environnementale, je peux alors appuyer plus efficacement l’association dans le développement de ses projets pédagogiques et mieux adapter le matériel éducatif que je conçois à ses utilisateurs, en l’occurrence les éducateurs environnementaux et les enfants scolarisés dans les écoles partenaires du programme. La réalité du terrain est en effet souvent très éloignée de la nôtre et de la façon dont nous exerçons nos activités de médiation scientifique et d’éducation au sein des parcs zoologiques. Ceci est dû aux différences culturelles bien sûr, mais aussi aux différences de modes d’enseignement, d’audiences auxquelles nous nous adressons ou encore d’accessibilité aux ressources éducatives…
Mais un objectif commun nous anime : celui d’encourager les jeunes générations à préserver la biodiversité qui les entoure en les aidant à mieux la comprendre et en partageant l’émotion d’une rencontre avec les lémuriens en forêt par exemple ! »
F. Perroux
